Peinture

Si ce n’est le gris, rien dans sa peinture n’évoque son œuvre en volume. Avec ses sculptures, l’artiste puisait dans son imaginaire sans jamais délivrer le sens de ses fables ; ici, elle ne rechigne pas à évoquer les ravages d’un feu vu en Grèce… Préciser que les pans de ruines sont des évocations, des retours de la mémoire sur le réel.

Puisque la peinture dit : « je », par quel verbe poursuivre ? Un « Je me souviens », ou plutôt un « Je vous rappelle ». Dans les flammes de ses ruines ou le frais de ses serres, le paysage est une menace autant qu’un Eden. Voir serait-ce craindre ? Sans nul doute. Sans se mesurer au risque de se perdre, l’œil ne jouirait que de ce qu’il connaît déjà, alors les tableaux d’Irmgard Sigg évoquent par le chemin du regard une voie de connaissance qu’il faut chercher, enfouie en chacun de nous.

Serait-ce pour cela que ses œuvres sont remplies d’une sorte de spleen ? Qu’un goût étrange sous les paupières nous rappellerait qu’elle a l’âme romantique allemande et le regard toujours fixé sur un au-delà ? Mais la simplicité du traitement, l’efficacité des couleurs, en font des œuvres du présent, et sans concession, les peintures d’Irmgard Sigg sont des icônes de la désolation du monde.

A.A.

English:

If it is not the grey, nothing in the paintings of Irmgard Sigg evokes her three-dimensional work. For her sculptures the artist drew on the imaginary without ever revealing the meaning of her fables. Here, in the paintings, she does not feel above evoking the devastations caused by forest fires which she saw in Greece… To be more exact, the empty hulks of the ruined houses are evocations, returns of the memory to the picture of reality.

The paintings speak to us in the first person singular. What does the « I » say to us ? « I remember » or rather « I remind you ». In her flaming ruins or the cool of her glasshouses the landscape is much a threat as it is in Eden. Could to see mean to fear ? Without any doubt. Without taking the risk of losing itself the eye enjoys only what it already knows ; thus the paintings of Irmgard Sigg evoke by way of looking at them, a way of knowing which we have to seek deep down within ourselves.

Could it be because of this that her works are filled with a kind of spleen ? That a strange taste under the eyelids would remind us that she has the romantic German soul and the eye always fixed on a beyond ? Yet the simplicity of the treatment, the effectiveness of the colours, make Irmgard Sigg’s paintings works of the present, and without any concession icons of the desolation of the world.